mercredi 11 janvier 2017

Gobelins (17) - Elle aime bien le quartier



"Pourtant, elle habite Paris maintenant, au 10 de la rue Le Brun, dans le 13ème arrondissement. Une rue discrète qui donne d'un côté sur l'avenue d'Italie et de l'autre sur le boulevard Saint-Marcel, dans le cinquième. Elle aime bien le quartier, la proximité de Mouffetard, de la place d'Italie."

Laurent Mauvignier, Continuer (Les Editions de Minuit, 2016)

Face à la Manufacture des Gobelins

En fait, Laurent Mauvignier se trompe légèrement : la rue Le Brun donne sur l'avenue des Gobelins, et non sur l'avenue d'Italie (qui continue l'avenue des Gobelins au-delà de la place d'Italie). Mais qu'importe, attribuons cette erreur à la licence artistique. Et puis après tout, qui a dit que la littérature devait être une science exacte, et un roman aussi précis qu'un traité de topographie ?

La rue doit son nom au peintre Charles Le Brun. Élève de Nicolas Poussin, il fut notamment chargé de la décoration du château de Vaux-le-Vicomte par Nicolas Fouquet, puis de celle du château de Versailles par Louis XIV, après avoir été nommé par celui-ci "Premier peintre du Roi". Il participa aussi à la création de l'Académie royale de peinture et de sculpture et de la Manufacture des Gobelins, dont il fut le directeur. Lorsque son protecteur Colbert mourut, Le Brun se retira peu à peu de la vie publique, tomba dans un oubli relatif, et mourut d'une maladie de langueur aux Gobelins.

Charles Le Brun, Jeune fille en buste, 1660-1661, Musée du Louvre

Il n'est en fait que très peu question de la rue Le Brun dans le magnifique roman de Laurent Mauvignier. L'auteur nous emmène au coeur des relations et des sentiments entre une mère et son fils, de l'amour et de l'énergie inouïe dont fait preuve celle-ci pour sauver celui-là de l'abîme d'enfermement et de violence dans lequel il est en train de sombrer, du retour à sa propre vie de cette femme meurtrie, et d'une fantastique chevauchée initiatique à deux dans les paysages âpres et grandioses des steppes et des montagnes du Kirghizistan.

Continuer, une devise pour 2017 ?

2 commentaires:

  1. Un recensement des rues, adresses, quartiers de Paris imaginaires ou très transformés, ça doit exister. Peut-être Weaver? A commencer par le quartier dans lequel Jean Valjean s'enfuit en portant le corps de l'amoureux de Causette, juste après la prise de la très improbable barricade de la rue de la Chanvrerie.

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    1. Belle idée que ce recensement, s'il existe.
      Au chapitre des erreurs légères, on notera que dans Dans le café de la jeunesse perdue, Modiano situe l'inscription attribuée à Debord "Ne travaillez jamais" rue Mazarine, alors qu'en fait elle est (ou était, plutôt) rue de Seine.
      Je crois me souvenir que dans Carnet d'adresses, Didier Blonde évoque les "vraies-fausses adresses" de certains personnages de roman.
      Sinon, George en effet, ou peut-être notre Anonyme historique, d'autres idées ?

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