samedi 21 mai 2016

Jean, René et la murmurée



"J’ai, ce matin, suivi des yeux Florence qui retournait au Moulin du Calavon. Le sentier volait autour d’elle : un parterre de souris se chamaillant ! Le dos chaste et les longues jambes n’arrivaient pas à se rapetisser dans mon regard. La gorge de jujube s’attardait au bord de mes dents. Jusqu'à ce que la verdure, à un tournant, me le dérobât, je repassai, m’émouvant à chaque note, son admirable corps musicien,
inconnu du mien."

René Char, Feuillets d'Hypnos (fragment 213)

Publié en mars 1946 dans la revue Fontaine avec d'autres "fragments", ce texte avait pour titre La murmurée (titre qui disparaîtra à la parution du recueil).

* * *

En souvenir de Jean L., qui m'avait offert ce livre. Poète lui aussi, musicien, peintre, infiniment humain. Quatre ans déjà. Il manque tant.

Le pont Julien, sur la Via Domitia, enjambe le Calavon.

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