mardi 19 novembre 2013

Une belle soirée


C'était en février dernier. Il faisait froid et il tombait des cordes. Mais qu'importe puisque la Librairie Charybde recevait Serge Quadruppani, et rue de Charenton cette soirée-là fut ensoleillée et chaleureuse comme l'Italie, comme la Sicile.
Avec Hugues, le libraire, on a lu à deux voix des extraits des trois derniers romans de Serge Quadruppani, qui mettent en scène la ô combien savoureuse, râleuse, rusée, gourmande, charmeuse, sensuelle commissaire Simona Tavianello à la crinière vieil ivoire, aux prises avec les collusions de l'argent et du pouvoir sous toutes leurs formes - la mafia, les services secrets, l'industrie agroalimentaire, les journalistes télé véreux...
On a lu aussi un extrait d'Un été ardent, un des plus beaux et émouvants romans de la série des Montalbano du maestro Andrea Camilleri, dont Serge Quadruppani est le génial traducteur - et auquel il rend hommage à plusieurs reprises dans la série des Simona Tavianello, notamment en le faisant apparaître en personne dans Saturne.
Puis la discussion s'est engagée entre le public et Serge, qui a répondu aux questions avec humour, malice et gentillesse. Il a notamment expliqué la genèse du personnage de Simona, a dit l'utilité, dans chaque livre de la série, de l'âne, du chien, du chat et du lapin, a raconté une belle anecdote sur Camilleri et Sciascia. On a aussi un peu débattu de problèmes cruciaux comme de savoir si Livia, l'éternelle fiancée de Montalbano, était insupportable ou pas...
Et pour terminer cette belle soirée, comme quoi l'amour de l'Italie ne rend pas sectaire, on est allés manger... chinois !


« Le lieutenant Licata tarda un peu à se mettre debout. La commissaire lui adressa un sourire qu'elle voulait amical, mais craignant qu'il y voie de la moquerie pour le rôle secondaire auquel on l'assignait, elle reprit aussitôt une expression neutre. Celle du patron des services d'information était toujours aussi peu déchiffrable.
On échangea des poignées de main.
Et seul un narrateur omniscient, mal venu dans une époque postmoderne, aurait pu nous faire savoir qu'en serrant dans sa grande main énergique et manucurée les cinq doigts dodus de la commissaire, Febbraro pensa "Sale pouffiasse rouge, on va te niquer la gueule" tandis que Simona songeait "Fasciste de merde, tu crois que je ne te vois pas venir ?" » 
Saturne

3 commentaires:

  1. Merci, Florence, c'est aussi pour moi un bien beau souvenir.

    RépondreSupprimer
  2. J'en profite pour préciser ( je le faisais déjà dans un commentaire qui n'est pas passé sur le blog de Serge) qu' à l'époque j'avais évoqué les "non-prof". Je voulais évidemment parler des non-comédiens. Encore mille excuses.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci. Non comédiens, bien sûr, mais nous avons mis tout notre cœur pour essayer de lire le mieux possible les textes de Serge, leur faire honneur et donner envie de découvrir la suite.

      Supprimer