samedi 2 novembre 2013

"Ho proprio il dubbio di finire male"


Et aussi le plaisir, comme pour un Rivage des Syrtes ou un Château d’Argol, de couper les pages avant de lire…


« Quand j’entends Mastroianni – avec cette voix plus basse, plus grasse, plus grenue que ce qu’induit son apparence physique assez fragile de séducteur un peu trop beau (l’avatar d’après-guerre et non gominé de Rudolf Valentino) – répondre auto-ironiquement à son ami hospitalisé qui lui prédit que son dernier roman aura du succès : "Ho proprio il dubbio di finire male" (Je sens que je vais finir mal), ou Monica Vitti soupirer à la fin de la nuit, de sa voix un peu rauque, à Giovanni et Lidia (Marcello Mastroianni et Jeanne Moreau) quelque chose comme "Me avete tutta distrutta voi due, stanotte !" (Vous m’avez anéantie tous les deux, cette nuit !), comment ne tomberais-je pas amoureux de la langue italienne, comment, en tous cas, ne serais-je pas fasciné par l’irréductible spécificité rythmique et vocale de ces phrases dont les sous-titres me livrent la signification mais, surtout, dont la VO me restitue l’épaisseur signifiante ? »

Dominique Noguez, Ce que le cinéma nous donne à désirer – Où l’on passe au Japon une nuit avec La Notte et les clartés qui s’ensuivent


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