samedi 31 août 2013

Le mauvais garçon et la jeune fille effarouchée

Dans La Sirène du Mississipi, film splendide et bouleversant de François Truffaut adapté de Waltz into Darkness, de William Irish, Belmondo est magnifique et émouvant dans le rôle à contre-emploi de Louis Mahé, lui qui incarnait à l'époque la "virilité rigolarde et flamboyante". (Jean-Marc Lalanne) 
"Catherine Deneuve était un mauvais garçon, un voyou qui en avait vu de toutes les couleurs, et Jean-Paul Belmondo, une jeune fille effarouchée qui attend tout de son mariage." (F. Truffaut, 1975)
"Les films américains n'ont jamais été meilleurs que lorsque James Stewart s'y accouplait avec Katherine Hepburn, Cary Grant avec Grace Kelly, Bogart avec Bacall. Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux." (F. Truffaut, 1968, lettre à C. Deneuve).
C'est dans ce film de 1969 que seront échangées pour la première fois, entre Marion-Deneuve et Louis-Belmondo, ces répliques sublimes et éternelles, lors de la scène finale :
- Tu es si belle, quand je te regarde, c'est une souffrance. 
- Pourtant, hier tu disais que c'était une joie. 
- C'est une joie et une souffrance. 

Onze ans plus tard, dans Le dernier métro, en une autocitation aux effets de miroir, c'est entre Marion-Deneuve, toujours, et Bernard-Depardieu qu'au cours d'une représentation théâtrale seront prononcées presque mot pour mot les mêmes répliques : 

- Tu es belle, Héléna, si belle que te regarder est une souffrance.
- Hier vous disiez que c'était une joie.
- C'est une joie... et une souffrance. 

Déclaration d'amour immuable d'un réalisateur à son actrice.

2 commentaires:

  1. Chère Florence, après avoir pris connaissance de ce message, effacez-le. Il est à propos de la citation, faussement attribuée à Bazin par Godard dans Le Mépris : « Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs ».
    En fait, Bazin n'a rien écrit de semblable. La phrase, dont le sens est très différent, mais dont la « consonance » s'en approche, est tirée d'un article de Michel Mourlet, intitulé « Sur un art ignoré », paru dans le n° 98 (août 1959) des Cahiers du cinéma. Elle dit exactement ceci : « […] le cinéma est un regard qui se substitue au nôtre pour nous donner un monde accordé à nos désirs » (vous pourrez vérifier).
    Michel Mourlet appartint au groupe dit des mac-mahoniens, de jeunes et très ardents cinéphiles qui se retrouvaient au cinéma Mac-Mahon, à Paris, dont ils faisaient parfois la programmation. Mourlet est un homme passionnant, très indépendant dans son jugement et dans ses choix, quelqu'un dans votre genre. Si vous ne l'avez déjà lu, je vous recommande « L'écran éblouissant, Voyages en Cinéphilie 1958-2010 », aux PUF.
    Pardonnez-moi cette intervention, que vous ferez vite disparaître. Je vous salue comme je vous estime.
    Note : averti de la chose, Godard n'a pas corrigé son erreur. Mais ce sale gosse fut si doué et si charmant !

    RépondreSupprimer
  2. Comme ceci est intéressant, cher Patrick. Ça ne m'étonne guère de ce cher Godard.
    Sauf si vous insistez, je ne vois pas de raison d'effacer votre commentaire. Merci au contraire pour vos précieuses interventions et vos conseils de lecture. Je vous salue également, et n'oubliez pas que vous êtes toujours le bienvenu ici !

    RépondreSupprimer